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Avec
trois 1 sur sa plaque de numéros, Langston annonce la
couleur: il veut être champion ! |
MxMax
: Rencontrer un pilote d'Afrique du Sud, c'est plutôt rare. Peux tu nous expliquer
comment tu as réussi à t'expatrier pour venir rouler en compagnie des meilleurs pilotes mondiaux ?
Grant Langston : C'est vrai que la moto n'est pas très populaire en Afrique du Sud. Je pense que dans tout le pays il y a entre 100 et 200 pilotes et dans chaque catégorie il y a peu près 30 pilotes au départ des courses. Ce n'est pas beaucoup et il y a peu de courses. Je pense que j'étais le plus jeune car à 5 ans je roulais déjà avec des garçons de 7 ou 8 ans et d'année en année ça a continué jusqu'à l'âge de 14 ans où je battais tout le monde du plus petit au plus grand. Alors mon père m'a dit : " Tu peux battre tout le monde ?". Et à partir de là, j'ai été contacté par Harry Everts qui m'a proposé de faire un test. Je suis donc allé dans le team Kawasaki en 1998 et les essais ont été concluant. J'ai donc roulé avec eux la première année. C'était étrange car très peu de pilotes n'étaient pas sponsorisés, ne gagnaient pas d'argent et ils s'entraînaient tous beaucoup au sein d'une vraie équipe. A mon avis, c'est pour cela que je n'avais pas vu de top pilotes avant de venir.
Après ton titre de champion du monde 125cc en 2000, tu es parti aux Etats Unis. Quels sont les changement qui t'ont le plus marqué ?
Déjà je pense que Dorna dégrade le motocross en Europe en ayant créé sa manche unique, tout tourne autour de l'argent et ils ne prennent pas soin de notre sport donc le jour des courses tu ne vois plus de spectateurs, par conséquent les sponsors ne sont pas attirés et les pilotes ne gagnent pas beaucoup d'argent. Par contre aux
États Unis, tu peux voir dans les stades des foules dépassant les 70 000 spectateurs et donc de gros sponsors s'intéressent à ce sport et apportent beaucoup d'argent. C'est énorme
! Le motocross passe d'un sport à un véritable business. Par exemple si tu restes en Europe pour ne rouler qu'une manche à chaque fois et que tu regardes ton porte feuille, tu n'es pas heureux. En Amérique, tout fonctionne correctement et c'est ce qui me plait. Donc quand
j'ai quitté l'Europe, j'ai dit : " vous faites la manche
unique ? Êtes vous sûr ? OK, alors au revoir ! ".
Quels souvenirs gardes-tu de l'Europe ?
Mon meilleur souvenir doit être la période pendant laquelle j'ai travaillé avec Harry Everts. Il a une très grande expérience et voit tout ce qui se passe sur la piste. C'est un homme remarquable et on discutait beaucoup ensemble. Je garde également un bon souvenir de mes titres nationaux (Allemagne et Hollande) remportés avec le team Champ KTM mais ce qui reste le plus marquant c'est tout de même mon titre de champion du monde en 125cc.
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Je savais qu'en roulant avec KTM je porterais toujours le numéro 2 car mon team manager Kurt Nicoll est pour moi le numéro 1.
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On dit souvent que les pilotes étrangers sont malvenus aux USA. As-tu ressenti ce sentiment ?
Je ne suis pas trop d'accord avec ça. Bien sur quelques américains n'aiment pas les pilotes étrangers quand ils commencent à gagner mais je pense que ce n'est pas nécessaire de penser qu'ils n'aiment pas les pilotes
étrangers. Je pense que ces personnes se souviennent de Jean Michel Bayle
par exemple qui était cependant un excellent pilote mais qui ne laissait pas une place importante au public et les spectateurs n'aiment pas ça. Mais regarde, quelques uns comme Roncada essayent de plaire au public. Même si ce ne sont pas les plus
populaires, on les aime quand même. Je pense que les gens sont maintenant plus neutre. Si tu es une personne sympa ils t'aimeront. Par contre regarde Carmichael,
s'il n'était pas américain les gens ne l'aimerait pas mais étant donné qu'il gagne tout,
le public l'apprécie. Ici, si tu es sympa et que tu gagnes les gens sont à fond avec toi. Cependant je pense que pour les pilotes français c'est un peu plus dur.
Dès ton premier championnat SX US, tu as remporté une course. Est ce que c'était ton objectif ou visais tu le championnat ?
En fait quand je suis arrivé, je ne visais pas vraiment le championnat. Je me souviens que je roulais bien et j'étais plutôt content mais j'ai chuté avant la première course donc mon objectif après cela était d'être régulièrement sur le podium et gagner quelques courses mais la première fois que je me
suis trouvé en tête d'une finale, je suis tombé dans le dernier tour, mais peu de temps après, la joie est revenue lorsque j'ai gagné ma première victoire en championnat SX US.
De plus, c'était la première victoire de KTM en SX US. Te sens-tu proche de cette marque ?
Oui, Je suis avec KTM depuis 4 ans et je viens de signer pour 2 nouvelles saisons. J'aime beaucoup KTM. Ils ont une bonne attitude, ils sont passionnés et veulent gagner. Je savais également qu'en roulant avec eux je porterais toujours le numéro 2 car mon team manager Kurt Nicoll est pour moi le numéro 1. C'est le meilleur ! J'aime travaillé avec toute l'équipe. Le mécanicien, les préparateurs moteurs, suspensions, ils sont tous très sympa.
La saison 2002 a été plus chaotique. Qu'est ce qui n'a pas fonctionné ?
Je pense que tout a commencé quand je me suis fait opérer de mon épaule
fin 2001. Je n'avais donc pas pu beaucoup m'entraîner avant le début de saison alors que
c'est à ce moment là que tu dois être prêt aussi bien physiquement que mentalement.
Je ne me sentais pas sûr car je n'avais pas fait énormément de tests à la suite de mon opération. Je n'ai jamais
eu un réel problème avec ma vitesse mais à chaque course il m'arrivait quelque chose de stupide. Je pense que tout le monde a eu au moins une fois une mauvaise saison et j'espère maintenant que
les bonnes choses vont arriver et que je vais avoir plus de chance par la suite.
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Imparable
à Bercy, Langston s'affirme comme un vainqueur potentiel
en championnat SX. |
Venir à Bercy, qu'est ce que cela signifie pour toi ?
Tout d'abord, Bercy a été la première course que j'ai faite sur KTM en 1998. Et cette année je suis venu pour gagner car pour moi c'est
l'un des plus importants événements de supercross. Toutes les légendes du cross sont venues et ont inscrits leur nom dans la liste des vainqueurs et je veux moi aussi que mon nom
y figure.
Quel va être ton programme de fin de saison ?
Nous avons en fait que trois semaines pour tester et s'entraîner avant l'ouverture du championnat du monde de supercross et ensuite nous allons directement à Anaheim pour le championnat US.
Venir rouler les deux premières courses du championnat en Europe t'embête ou préfèrerais-tu que cela se développe ?
Je pense que c'est bien et mal à la fois. Ce qui est dommage c'est que nous perdons un peu de temps de roulage en commençant deux semaines avant mais ce qui est plutôt positif c'est que nous allons avoir deux bonnes séances
d'entraînement avant Anaheim. Ces deux courses en Europe vont permettre de valider les choix techniques et vont être un bon apprentissage avant la première épreuve aux
États Unis.
Quel sera ton objectif pour la saison prochaine ?
Je veux vraiment rester en bonne santé durant le championnat de supercross et être régulier. Je pense que si je roule bien je peux rentrer dans le top 5. Je veux monter sur quelques podiums et mon but serait de battre Ricky Carmichael. Je ne vise pas la première place mais si je peux être sur le podium final ce serait bien. En motocross, c'est pareil. Je vise personnellement le top 3 et je pense que si je roule bien,
je pourrais gagner des courses et battre Carmichael car il peut lui aussi commettre des erreurs.
James Stewart semble une véritable bombe. Quelle analyse portes-tu sur ce pilote ?
C'est un bon pilote. Il est vraiment rapide surtout à son âge (ndr : 17 ans).
C'est incroyable! Je pense que ce sera intéressant quand il viendra nous retrouver en 250cc.
En roulant avec les meilleurs pilotes du monde en 250cc, n'as tu pas peur de passer à l'arrière plan ou te sens-tu capable de les battre ?
En supercross beaucoup de pilote sont très rapides et en 16 épreuves à chaque fois il y a des chutes donc pour réussir tu dois être régulier. Je pense que Carmichael est vraiment très fort. Ce sera ma première saison et j'espère ne pas faire d'erreurs et pouvoir monter sur le podium. Si je roule bien
je pense que cela va me motiver et si je me sens bien lorsque je roule, les bons résultats arriveront. |